Invité de l’émission « Un jour au village » diffusée sur Radio France Internationale (RFI), le journaliste Héritier Mungumiyo, directeur général de la radio partenaire Soso ya Mboka émettant depuis Durba, territoire de Watsa, province du Haut-Uélé au nord-est de la République Démocratique du Congo, s’est exprimé sur les relations entre les entreprises minières et les communautés locales.

Interrogé par Madame Kpénahi Traoré, animatrice principale de l’émission, il a évoqué plusieurs problématiques liées à la cohabitation entre les projets miniers industriels et les populations affectées.

« Le vrai problème se pose autour de la délocalisation et de la relocalisation des personnes affectées par les projets miniers. Les communautés estiment souvent que les indemnisations reçues ne sont pas à la hauteur de la richesse exploitée, notamment l’or. Elles pensent parfois que les minerais sont pillés lorsque leurs attentes réelles ou supposées ne sont pas rencontrées », a-t-il déclaré.


M. Mungumiyo a également abordé les tensions existantes entre les entreprises industrielles et les exploitants artisanaux marquées souvent par des tensions à cause de manque d’alternative à l’artisanat minier, leur seul moyen de subsistance hérité des aïeux ou lorsququ’aucun site n’est preparé pour les accueillir afin de laisser place à l’exploitation industrielle.

« un autre problème, les exploitants artisanaux voient l’arrivée des entreprises minières comme une menace pour leurs moyens de subsistance. Beaucoup vivent de l’orpaillage, ils travaillent l’or à la main. Mais avec la nouvelle loi en vigueur en RDC, il n’est plus possible d’exploiter de manière artisanale dans une zone déjà octroyée à une entreprise industrielle»

Abordant les retombées de l’exploitation minière, le journaliste note des impacts à la fois positifs et négatifs.

 » L’impact est à double tranchant. Positif, car depuis l’installation de certaines entreprises comme Kibali Gold Mines, la communauté bénéficie de plusieurs projets repris dans le cahier des charges, la redevance minière, le 0,3% du chiffre d’affaires ou encore des responsabilités sociales de l’entreprise. C’est notamment dans les domaine des routes, eau potable, énergie solaire, développement de l’économie locale… Mais il y a aussi des effets négatifs entre autre, la destruction de l’écosystème, la croissance du banditisme urbain, du taux de prévalence de VIH/SIDA pour ne citer ceux-là » a-t-il expliqué


Il illustre ses propos avec un exemple symbolique :

« Ici à Durba, là montagne Kongbokoro, qui était un repère pour les habitants, a été complètement exploitée. Aujourd’hui, les jeunes générations ne sauront même pas qu’il y avait une montagne à cet endroit.  » à t-il fait observer

Il évoque aussi des cas de pollution de l’eau, ainsi que le non-respect de certaines lois censées protéger les communautés. Face à ces défis, Héritier Mungumiyo plaide pour la vulgarisation des lois minières auprès des communautés locales, afin d’améliorer la cohabitation entre tous les acteurs.

« Il faut sensibiliser et vulgariser la loi minière. L’ignorance des textes légaux constitue une barrière majeure qui empêche l’État, les entreprises et les communautés de vivre en symbiose », conclut-il.

Il faut dire que les propos du journaliste Héritier Mungumiyo traduisent la complexité des relations entre les acteurs miniers et les communautés locales. Si les retombées positives sont visibles, les frustrations demeurent nombreuses. Pour apaiser les tensions et construire une cohabitation harmonieuse, la sensibilisation, le respect des engagements et la vulgarisation des lois minières apparaissent plus que jamais comme des impératifs.


Ariko Timothée