Quelques individus des rhinos réintroduits à la Garamba ©Richard Kalayi

Au parc national de la Garamba en République Démocratique du Congo, les gestionnaires sont désormais partagés entre la joie, la fierté et l’espoir après la réintroduction réussie de 16 rhinocéros blancs du sud dont 9 femelles et 7 mâles. Cette réinsertion de cette sous-espèce dans le complexe de la Garamba permet d’espérer qu’elle s’adaptera et remplira le même rôle du maintenir de l’écosystème que les rhinoceros blan du nord ‘, aujourd’hui disparu, peut-on lire dans un communiqué de presse d’African Park publié le 10 juin 2023.

La translocation de ces rhinoceros depuis la réserve privée de & Beyond Phinda au Kwa-Zulu Natal en Afrique du Sud, a été réalisée grâce à une étroite collaboration entre l’institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), African Parks et & Beyond sous le parrainage de Barrick Corporation qui s’est engagée à soutenir le projet dans la durée, a appris Orientalinfo.net.

Pour Stéphanie BAUD, founding and reporting manager d’African Packs, cette réinsertion des rhinocéros blancs est un grand succès et une grande joie pour tout le monde avec une portée à la fois locale, provinciale, nationale et internationale car non seulement elle permet d’attirer l’attention particulière sur le parc et la RDC dans la conservation de la biodiversité; mais elle permettra de maintenir l’écosystème, booster le développement du tourisme en suscitant l’attraction pour le parc en plus améliorer les relations entre les parties prenantes ainsi que concourir à la réalisation de la vision du chef de l’État Félix Tshisekedi dans le volet protection et mise en valeur de la biodiversité :

« On en espère beaucoup de bénéfices. Tout d’abord on a dit que ça sera un bénéfice au niveau national puisque cette réintroduction est un excellent signe pour le pays. Après au niveau local, le parc est un grand employeur dans la province (ndlr : 580 travailleurs dont 95% des locaux) avec le développement du tourisme et toute l’attractivité qu’il va y avoir au tour de cette réintroduction des rhinos, on espère que bien que ça va gérer des activités et aussi des bénéfices pour les communautés riveraines qui elles-mêmes sont très ravies », dit-elle .

Cette reproduction fait également partie de la stratégie globale visant à promouvoir la conservation à long terme des rhinocéros blancs en Afrique en élargissant leur aire de répartition et en créant de nouveaux lieux de reproduction pour l’espace dans les zones sécurisées. Sur place, un personnel professionnel et un vétérinaire qualifié superviseront l’acclimtation de ces rhinos.

De son côté, le directeur général de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), M. Milan Nyangay Yves a déclaré que le retour des rhinocéros blancs en République Démocratique du Congo témoigne de l’engagement du pays en faveur de la conservation de la biodiversité :

« La Garamba est en passe de devenir un sanctuaire d’importance mondiale pour les méga herbivores, et l’introduction du rhinocéros blanc du sud dans le pays est une étape importante pour faire progresser notre contribution à la conservation des rhinocéros en Afrique. Nous sommes reconnaissants à nos partenaires en conservation, qui jouent un rôle important en nous aidant à atteindre nos objectifs et à promouvoir une croissance socio-économique durable, porteuse et équitable ».

Selon Mark Bristow, président-directeur général de Barrick Gold Corporation, le parrainage de cette translocation découle d’un partenariat de dix ans avec African Parks et de l’investissement de son entreprise dans la conservation du parc de la Garamba.

« La biodiversité est à la base de nombreux services écosystémiques dont dépendent nos mines et les communautés environnantes. Pouvoir jouer un rôle dans la protection de la biodiversité et la prévention de la perte de la nature est au coeur de nos activités.nous souhaitons continuer à travailler avec nos partenaires pour atteindre la durabilité économique, sociopolitique et économique », a-t-il affirmé.

Pas de crainte d’une seconde disparition

S’agissant de la situation sécuritaire, le commandant adjoint adjoint du corps de protection des aires protégées de la RDC, le général Kisuki Mathe Benoît est resté très rassurant car précise-t-il, aucun groupe armé n’opère présentement au sein de cette aire protégée nonobstant les menaces liées à l’exploitation minière artisanale dans les domaines de chasse, la poussée des éleveurs étrangers et armés Mbororo ainsi que la présence des rebelles Sud-Soudanais à la frontière entre congolo-sud-soudanise.

Créé en 1938 et réputé abriter les éléphants, les rhinocéros blancs ( en pleine réintroduction) et autres mammifères, Le Parc National de la Garamba (PNG) est actuellement géré par African Parks Network (APN) en partenariat avec l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) depuis 2005. Il bénéficie de l’appui de l’Union européenne qui finance le programme « Environnement et Agriculture Durable – EAD » sur le 11ème Fonds Européen de Développement (FED) lui permettant d’améliorer non seulement la conservation de la biodiversité mais aussi d’intensifier ses réalisations dans les communautés riveraines à travers notamment son programme agro-écologie.

Pour rappel, le PNG a connu de longues périodes d’insécurité et la présence de groupes armés dans l région a entraîné un braconnage intense des espèces clés de la Garamba. En conséquence, le PNG a perdu un grand nombre des animaux qui faisaient son identité. Parmi les espèces qui ont disparu figurent le rhinocéros blanc du Nord, mais aussi d’autres espèces dont on parle peu, comme le lycaon, l’éland de derby et même l’okapi et le rhinocéros noir.

Coup d’œil sur le Rôle Économique des rhinocéros blanc

  1. Les rhinocéros blanc font partie des espèces clefs c’est-à-dire des espèces dont la présence et le rôle au sein d’un écosystème ont un effet majeur sur les autres espèces qui y vivent.
  2. C’est un méga herbivore qui mange environ 50kg d’herbe par jour, créant ainsi des zones d’herbe courte protégées du feu. Il produit 20kg d’excréments par jour, riches en nutriments, utiles à d’autres espèces d’herbivores et d’insectes, qui s’en nourrissent, ce qui accroît la biodiversité globale.
  3. En leur absence cette fonction écologique n’est pas totalement assurée.

Les rhinocéros blancs du Nord existaient autres fois au Sud Soudan, Ouganda, Centrafrique et en RDC dans le Haut-Uele et l’Ituri. Actuellement, il n’y a plus de rhinocéros blanc du Nord à l’état sauvage. Il ne reste que deux rhinocéros femelles en captivité au Kenya, Elles sont devenues trop âgées pour se reproduire. Le dernier mâle appelé Soudan est mort à l’âge de 45 ans dans une réserve privée au Kenya. Ce qui justifie le recours à la sous-espèce du sud pour repeupler la Garamba.

Héritier Mungumiyo